"Manuel Azaña et la mémoire de la Guerre civile espagnole"
à la médiathèque universitaire de Montauban ( 76- bld Montauriol) le samedi 6 novembre 2004
L'association Arkheia
et sa revue d'histoire éponyme qui s'intéresse exclusivement à l'histoire
du vingtième siècle en Sud-Ouest, organise avec le concours
de l’association pour la récupération de la mémoire historique
espagnole (ARMH), sa "Journée d'Histoire Arkheia" sur
le thème: "Manuel Azaña et la mémoire de la Guerre civile
espagnole" à la médiathèque universitaire de Montauban (
76- bld Montauriol) le samedi 6 novembre 2004 en présence
de Jean-Pierre Amalric, Bartolomé Benassar, François Godicheau,
Félix Torrès et l'Ambassadeur d'Espagne à l'UNESCO.
Pour rappel le dernier président de la République espagnole, Manuel Azaña s'est réfugié en mai 1940 à Montauban où il est décédé le 3 novembre de la même année. Il est inhumé dans cette même ville.
Le PROGRAMME et l'affiche de la journée sont attachés à ce courriel. La ville de Moissac organisant en aval une manifestation sur les Républicains espagnol, vous trouverez sur le même programme le déroulé de leurs manifestations.
Merci par avance de vous faire l'écho de cette manifestation. Pour toutes informations supplémentaires ou ITV, vous pouvez me joindre sur mon GSM. 0033 (0)6 08 58 38 24
Cordialement, Max Lagarrigue Président d'Arkheia et directeur de la revue Arkheia - 33, Grand'Rue Villenouvelle - 82000 Montauban - Courriel à mentionner. journeearkheia@yahoo.fr
Juin 1940, Manuel Azaña à Montauban
La dernière demeure du Président de la République Espagnole MANUEL AZAÑA
L'arrivée en mars 1939 dans la petite commune de Septfonds d'un peu plus de 16.000 hommes appartenant à l'ancienne armée républicaine espagnole est un épisode connu d'un certain nombre de tarn-et-garonnais, au moins de part son ampleur quantitative. Cette migration forcée dans des conditions extrémement difficiles, a mis en exergue la présence du plus haut personnage de la République espagnole à Montauban. En effet, Manuel Azaña, président en exercice jusqu'au 27 février 1939, passe la frontière française une nuit de 4 février à pied. Il arrive le 29 juin 1940, 60 ans jour pour jour, dans la cité d'Ingres. Dès le 24 juin, Azaña et toute sa famille qui séjournent depuis octobre 1939 au Pyla-sur-Mer, demandent aux autorités françaises de quitter les lieux. L'ancien président a peur qu'avec l'arrivée de l'armée allemande que sa sécurité ne soit plus assurée. Après un bref passage par Périgueux, Azaña finit par avoir une autorisation pour se rendre à Montauban. Il ne sait pas à ce moment précis que la ville " la plus rose " sera sa dernière demeure. Il semble que ce choix soit dû au fait que l'un de ses amis le docteur Cabello y séjourne et se soit proposé de l'héberger. N'oublions pas que Montauban est un des carrefours de l'immigration espagnole. Exceptés les milliers de combattants détenus au camp de Judes, Montauban compte une population de plus de 3.000 réfugiés espagnols. Beaucoup vivotent, subsistant de l'aide d'associations confessionnelles ou caritatives, et résident sur de la paille généreusement mis sur le sol de la Halle Ligou. Azaña arrive donc à Montauban et s'installe au 35, rue Michelet. L'appartement est prêté par le docteur Honoré Cave, encore mobilisé alors, et ami du Dr Cabello. Il partage le logement avec trois députés espagnols, Ricardo Gasset, Martinez Barrio et Enrique Navarro. Durant cette période, Azaña tente à plusieurs reprises de prendre contact avec le gouvernement de Vichy qui fait la sourde oreille. Après l'arrestation de sa sœur par la Gestapo - restée au Pyla - il cherche à se rendre en Suisse. Dans le même temps, Azaña quitte l'appartement du 35, rue Michelet pour l'hôtel du Midi. C'est vraisemblablement le gouvernement mexicain qui lui obtient cette chambre, sa dernière demeure. Il comprend rapidement qu'il est assigné à résidence. Fatigué depuis des semaines, profondément bouleversé par les arrestations du Pyla, il est frappé d'une attaque cérébrale, le 16 septembre 1940. A cela s'ajoute, plusieurs témoins le corroborent, que des agents, phalangistes aidés de complicités locales, tenteraient d'enlever l'ancien président pour le ramener en Espagne. Des rumeurs d'arrestations ou d'enlèvements sont mêmes publiées dans la presse mexicaine qui s'en émeut. Le témoignage inédit laissé par le pasteur Jean Dautheville-Guibal à ce propos est intéressant : " Le secret de leur présence (les agents) grâce à un avertissement confidentiel d'une personnalité républicaine de la Ville (M. Irénée Bonnafous, publiciste). Le Préfet et la police étaient parfaitement au courant de la présence des agents phalangistes et de leur dessein. Invalide se sentant directement menacé dans un hôtel ouvert à tout voyageur, Azaña invoquant les droits de l'hospitalité légalement accordés, fit demander avec instance au Préfet des mesures de protection. La requête fut présentée deux fois par l'intermédiaire de M. Gasset. Par deux fois, ce fut une fin de non recevoir courtoise mais catégorique. Un petit groupe d'amis monta la garde permanente et, répondant aux appels de M. Azaña, l'Ambassadeur du Mexique, envoya une délégation, M. Fresco, qui s'installa dans l'hôtel. Ces précautions évitèrent, seules, au Président de la République espagnole le sort de M. Luis Companys, Président de la Généralité de Catalogne ". Ces mesures n'empêchaient pas l'état de santé d'Azaña de s'aggraver à tel point que Mgr Théas, nouvellement nommé, se déplace à plusieurs reprises à son chevet. Il va jusqu'à lui donner l'Extrême-Onction. En effet, le 3 novembre 1940 à 23H45 dans sa chambre de l'hôtel du Midi, Azaña donne son dernier souffle. Ses obsèques prévues pour le 5, l'avant-veille de la visite du maréchal Pétain à Montauban, sont suivies de mesures sévères du préfet Durocher : " défense d'arborer le plus petit insigne national, pas de gerbes dont les couleurs pourraient rappeler les couleurs républicaines, toute allocution au cimetière interdite, temps des obsèques strictement limité, déploiement de police secrète sur le parcours du cortège et dans le cortège ". Excès de zèle avant l'arrivé du maréchal, hostilité à la République espagnole, le tout est que même défunt Azaña représentait encore un symbole dans un pays où la République avait signé son arrêt de mort quatre mois plus tôt dans une station balnéaire de l'Allier. De cette histoire tragique, il ne reste que peu, seul la présence d'Azaña inhumé à Montauban le 5 novembre, est là pour nous le rappeler. Max Lagarrigue
BIOGRAPHIE
Né le 10 janvier 1880 à l'Alcalà, après des études de droit et l'obtention d'un doctorat, il plaide quelques temps dans les prétoires. Boursier en Sorbonne, c'est probablement durant cette période que sa francophilie se renforce. A partir de 1910, il passe un concours de la fonction publique et obtient un poste au ministère de la Justice : juriste à la Direction Générale de l'Enregistrement et du Notariat. Attiré depuis son adolescence par la littérature, il est l'auteur de romans, El Jardin de los Frailes et Fresdeval, d'une pièce de théâtre, La Cornona. Il se fait aussi traducteur de la Biblia en España de Borrow. Ce goût prononcé pour l'écriture se manifeste également à la direction de revues, España et de La Pluma. Il devient même secrétaire puis président de l'Alteneo.
Profondément républicain dans un pays qui depuis le coup d'État du général Miguel Pimo de Rivera (1923) est en proie à une dictature copiée sur le fascisme italien, Azaña s'engage
activement dans le parti socialiste et donc en politique.
Après de longues années de luttes clandestines, au soir du 14 avril 1931 - date à laquelle depuis le renvoi du dictateur Primo de Rivera par le Roi, la République est officiellement prononcée - il est nommé ministre de la Guerre et président du conseil des Ministres. Durant deux ans - il démissionne en septembre 1933 - Azaña défend l'idée d'une nation espagnole prête dans son ensemble à participer au jeu démocratique. Son utopie pourrait se résumer grossièrement par le slogan suivant : "La révolution par le Droit ". Chef de l'État de 1936 à 1939, il restera jusqu'à la mort de Franco en 1975 le dernier président de la République espagnole. Il se démet de ses fonctions de France le 27 février 1939. Azaña, homme politique certes, fut aussi un intellectuel engagé a qui l'on doit quelques phrases que l'on ne peut mettre sous silence et qui témoignent de sa verve : " la politique est un travail de l'intelligence ", ou encore " le Musée du Prado vaut plus que la République et la Monarchie réunies ". La personnalité d'Azaña est marquée par sa foi en l'État et sa conscience d'appartenance à la " classe universelle". Sa pensée politique pourrait maladroitement se résumer ainsi : pour l'État, il n'y
a ni pauvres ni riches, mais uniquement des citoyens.
Extrait de la revue Arkheia©, n°4, Montauban, 2000, pp. 10-11.


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